Monotypes
Au départ il y a les balades, en ville, à la campagne ou au bord de mer, et qui s’accompagnent de croquis des éléments forts du paysage, les silos, les hangars, les usines, les blockhaus …. Je créé ensuite de nouveaux univers avec quelques formes, que j’assimile à des fragments de temps, des images qui prennent vie à l’atelier au fur et à mesure des encrages. J’utilise la technique du monotype, procédé d’impression à tirage unique, qui consiste à encrer directement un support, que j’imprime par pressage manuel ou mécanique sur un papier épais au fond préalablement préparé. Ainsi naissent des architectures plus improbables que réelles, tel des espaces à mi-chemin entre la nature morte et le paysage urbain.
Marie Thamin en trompe-l’oeil
Cela dans l’espace indécis où se fondent l’ombre et la lumière est-ce émergence ou dilution, forme encore ou déjà se précisant, mais dont les plans ne se distinguent que modérément de l’espace dans lequel ils se tiennent ? Vases, pots, hier ; maisons, architectures, aujourd’hui ; mais semblables, bien qu’à l’imaginaire une autre dimension s’instaure : de la nature morte domestique on passe au paysage urbain et notre esprit autrement va son chemin. Alors ce sont des murs qui se dressent, percés ou non de fenêtres aveugles, habitations inanimées, posées là sans autre fonction que leur présence, à moins qu’on y sente le souvenir d’un passé au terme duquel elles auraient été délaissées, ou qu’elles soient inachevées, dans l’attente d’une vie future.
[…] Qu’on ne s’étonne pas si d’un tel redoublement du jeu présence/absence c’est de la mélancolie qui rayonne, nous entraînant à une rêverie d’ondes troubles et fluctuantes. Et cela ( de telles demeures inhabitées, inhabitables ), qui paraissait calme, anodin quasiment en son apparence si peu matérielle et son traitement si tendre, affirme une étrangeté quelque peu inquiétante. Ici se fait une ouverture sur les profondeurs de l’intime en lesquelles toute œuvre digne de ce nom prend racine, s’affirme en trompe-l’œil à rebours de toute idée reçue.
Gilles Plazy (extrait)
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